Dans ses yeux tristes, toute la détresse du monde. Sur son corps meurtri, les stigmates du drame qu’elle a vécu, qu’elle continue de vivre. Dans sa voix, à peine audible, une supplication. Étendue sur un sofa, immobile, la tête relevée sur deux gros coussins, Lensa Lelisa Tufa apparaît si frêle dans ce t-shirt et ce cardigan roses qui flottent sur elle, face à sa tante Ganneth qui lui rend visite et qui se confie à L’Orient-Le Jour. La mâchoire, le palais et les dents cassés, le menton et les lèvres encore tuméfiés l’empêchent d’ouvrir la bouche. Sa couverture cache une hanche droite et deux jambes brisées. Les jambes sont plâtrées. La jambe droite bandée jusqu’au bassin. Seules ses mains s’activent, à mesure qu’elle s’exprime, dans sa langue maternelle, en anglais parfois.